Depuis le 1er mai 2024, la Belgique a officiellement intégré un médicament à base de cannabidiol (CBD) dans la liste des traitements remboursés par la sécurité sociale. Une première dans le pays, qui concerne des patients atteints de formes particulièrement graves et résistantes d’épilepsie.
Une avancée attendue depuis plusieurs années par les familles et les professionnels de santé, mais aussi un signal fort envoyé au secteur du cannabis médical.
Une pathologie rare, un traitement coûteux
Les pathologies ciblées par ce remboursement sont les syndromes de Dravet et de Lennox-Gastaut, deux formes d’épilepsie infantile sévère, souvent diagnostiquées très tôt, et qui résistent à la majorité des traitements classiques. Les crises peuvent être fréquentes, violentes, et impacter lourdement la qualité de vie des enfants… comme celle de leurs proches.
Face à ces cas complexes, un médicament à base de CBD nommé Epidyolex a été développé par le laboratoire britannique GW Pharmaceuticals. Déjà autorisé dans l’Union européenne depuis 2019, Epidyolex est désormais remboursé en Belgique, à condition qu’il soit prescrit en association avec le clobazam, un autre antiépileptique.
Avant ce remboursement, le coût du traitement pouvait atteindre plus de 1 100 € par mois, un montant dissuasif pour de nombreuses familles, même en situation d’urgence médicale.
Le cannabidiol, encadré mais reconnu
Le médicament en question ne doit pas être confondu avec les huiles de CBD vendues librement dans les magasins ou sur Internet. Epidyolex est un produit pharmaceutique, dont la pureté, le dosage et l’efficacité sont rigoureusement contrôlés. Il contient du CBD purifié à 100 %, sans THC, la molécule psychoactive du cannabis.
C’est cette précision pharmacologique qui permet aujourd’hui son intégration dans les traitements remboursés. Le cannabidiol agit ici comme un modulateur des crises, en réduisant leur fréquence et leur intensité, sans effet psychotrope.
Un tournant dans l’approche belge du cannabis médical
La Belgique reste encore très prudente sur les usages thérapeutiques du cannabis. Jusqu’ici, seul le Sativex – un spray buccal contenant THC et CBD destiné aux patients atteints de sclérose en plaques – avait obtenu une autorisation limitée. Le remboursement d’Epidyolex marque donc une évolution significative dans la manière dont les autorités sanitaires considèrent le potentiel du cannabis médical.
Pour les patients et les associations qui militent depuis des années pour une reconnaissance élargie du CBD, cette décision est perçue comme un signal encourageant. Elle ouvre la porte à une meilleure intégration des cannabinoïdes dans la pharmacopée belge, tout en encadrant strictement leur usage.
Et maintenant ? Vers une reconnaissance élargie du CBD médical ?
Ce remboursement reste à ce jour très ciblé, ne concernant qu’un nombre restreint de patients et un usage bien spécifique. Mais il pourrait faire office de précédent, dans un contexte où de plus en plus de recherches confirment l’intérêt du CBD pour d’autres troubles neurologiques, inflammatoires ou psychiatriques.
D’autres pays européens, comme l’Allemagne, l’Italie ou les Pays-Bas, ont déjà pris de l’avance en intégrant certains traitements à base de cannabis dans leurs systèmes de santé. La Belgique semble désormais vouloir rattraper ce retard, en misant sur une approche rigoureuse, fondée sur les données scientifiques.
Conclusion : un espoir pour les patients, une étape pour le secteur
Ce remboursement symbolise bien plus qu’un simple geste administratif. Il représente un soulagement concret pour des familles épuisées par la maladie, mais aussi une reconnaissance implicite du rôle que peut jouer le CBD dans certaines stratégies thérapeutiques.
Si la route reste longue avant une démocratisation plus large du cannabis médical, la Belgique vient de franchir un cap important — et PLANPOSEY continuera à suivre de près toutes les évolutions sur le sujet.