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Le cannabidiol et le THC freinent la progression du cancer ovarien en éprouvette

Des expériences en laboratoire dévoilent la capacité anticancéreuse des cannabinoïdes sur les tumeurs féminines.

Auteur de l'article
Publié le
22/12/2025
Par
Thierry - Rédacteur
Cellules cancéreuses ovariennes observées au microscope en laboratoire

Les cannabinoïdes du chanvre intéressent depuis quelques années la communauté scientifique pour leurs propriétés anticancéreuses. Une nouvelle publication dans Frontiers in Pharmacology vient renforcer cet intérêt en démontrant que le CBD et le THC, utilisés conjointement, bloquent efficacement la croissance des cellules cancéreuses ovariennes en laboratoire.

Ces travaux, menés par l'université de Khon Kaen en Thaïlande sous la direction du Dr Siyao Tong, révèlent que la combinaison de ces deux molécules issue du cannabis agit avec une force particulière contre ce type de tumeur, tout en épargnant majoritairement les cellules normales. Pour autant, nous restons dans le cadre d'expérimentations in vitro, ce qui signifie que les résultats concernent uniquement des cultures cellulaires en laboratoire.

Une pathologie redoutable et complexe

Le cancer ovarien figure parmi les tumeurs gynécologiques les plus mortelles à travers le monde. Son principal défi réside dans sa détection souvent tardive, lorsque la maladie a déjà progressé. À cela s'ajoute une résistance fréquente aux traitements chimiothérapeutiques classiques, notamment ceux à base de platine. Cette combinaison conduit à un taux de récidive élevé et à un pronostic global défavorable pour un grand nombre de patientes.

Face à ce constat, les scientifiques cherchent sans relâche des alternatives thérapeutiques moins toxiques et plus ciblées. C'est dans ce contexte que les cannabinoïdes ont attiré l'attention. Le CBD et le THC ont déjà montré, sur d'autres modèles de tumeurs, une certaine capacité à ralentir la progression cellulaire cancéreuse. Restait à vérifier si cet effet se reproduisait sur les cellules ovariennes malignes.

Deux cannabinoïdes testés en duo

Pour mener leurs expériences, les chercheurs ont travaillé avec deux lignées cellulaires distinctes de cancer de l'ovaire. La première présentait une sensibilité aux agents chimiothérapeutiques à base de platine, tandis que la seconde y était résistante. Une troisième lignée, composée de cellules saines, a également été exposée aux cannabinoïdes afin d'évaluer leur niveau de toxicité sur les tissus normaux.

Les résultats ont montré que le CBD et le THC, pris individuellement, réduisent la capacité des cellules cancéreuses à se reproduire. Mais c'est leur utilisation combinée qui a vraiment retenu l'attention. Lorsque les deux molécules sont mélangées dans un rapport de 1:1, l'effet inhibiteur devient nettement plus marqué. On constate alors une diminution importante du nombre et de la taille des colonies cellulaires cancéreuses.

Cette découverte suggère que le CBD et le THC n'agissent pas forcément par les mêmes mécanismes biologiques. Leur association pourrait amplifier leurs effets respectifs, un phénomène qui fait écho au fameux « effet d'entourage » souvent évoqué dans la littérature scientifique sur le chanvre.

Freiner la migration des cellules malignes

Au-delà du blocage de la croissance cellulaire, l'équipe thaïlandaise a observé un autre avantage : la combinaison CBD-THC limite considérablement la migration des cellules cancéreuses. Pourquoi est-ce important ? Parce que les métastases, c'est-à-dire la dissémination de cellules cancéreuses dans l'organisme, sont responsables de la majorité des décès liés au cancer ovarien.

En empêchant ces cellules de se déplacer et de coloniser d'autres organes, on réduit potentiellement le risque de propagation de la maladie. Ce résultat, bien que préliminaire, ouvre des perspectives encourageantes pour le développement de futures thérapies ciblant non seulement la tumeur primaire, mais aussi son pouvoir invasif.

Il faut également noter que les cellules saines exposées aux cannabinoïdes ont été très peu affectées. Cette sélectivité est un atout majeur, car elle pourrait permettre de limiter les effets indésirables que l'on observe fréquemment avec les chimiothérapies conventionnelles.

Une voie de signalisation clé dans le viseur

Pour comprendre comment le CBD et le THC agissent au niveau moléculaire, les chercheurs se sont intéressés à la voie de signalisation PI3K/AKT/mTOR. Cette cascade de réactions biochimiques est souvent suractivée dans le cancer de l'ovaire et contribue à la croissance tumorale ainsi qu'à la résistance aux médicaments.

Les résultats indiquent que le traitement par cannabinoïdes semble restaurer une régulation plus normale de cette voie. Concrètement, on observe une diminution de la prolifération cellulaire et une augmentation de la mort programmée des cellules cancéreuses, un processus appelé apoptose.

Cette action ciblée pourrait expliquer pourquoi la combinaison CBD-THC se montre efficace même sur des cellules résistantes aux traitements classiques à base de platine. En intervenant sur des mécanismes biologiques différents de ceux des chimiothérapies traditionnelles, les cannabinoïdes pourraient représenter une voie complémentaire, voire alternative, dans certaines situations.

Des limites à prendre en compte

Malgré ces résultats prometteurs, l'équipe scientifique insiste sur le caractère encore très préliminaire de cette étude. Toutes les expériences ont été réalisées in vitro, c'est-à-dire sur des cultures cellulaires en dehors de tout organisme vivant. Ce cadre expérimental ne reproduit pas la complexité d'un corps humain, où interviennent de nombreux facteurs biologiques, immunologiques et métaboliques.

Il sera indispensable de mener des études sur des modèles animaux avant d'envisager toute application clinique chez l'humain. Ces recherches permettront de mieux comprendre comment le CBD et le THC se comportent in vivo, quelle est leur biodisponibilité, comment ils sont métabolisés et quels pourraient être leurs effets secondaires à moyen et long terme.

Le Dr Tong souligne également la nécessité de recueillir des données pharmacocinétiques précises et d'examiner attentivement les cadres réglementaires en vigueur. Le statut légal du THC, en particulier, varie considérablement d'un pays à l'autre et pourrait compliquer le développement de traitements combinés à base de cannabinoïdes.

Une contribution au débat sur le cannabis médical

Cette recherche s'inscrit dans un mouvement scientifique plus large visant à explorer les applications thérapeutiques du cannabis au-delà de la simple gestion des symptômes. Pendant longtemps, les cannabinoïdes ont surtout été étudiés pour leur capacité à soulager la douleur, les nausées ou la perte d'appétit chez les patients cancéreux.

Aujourd'hui, de plus en plus d'équipes s'intéressent à leur potentiel anticancéreux direct. Si les résultats restent pour l'instant cantonnés au laboratoire, ils alimentent l'espoir de voir émerger, à terme, des thérapies moins toxiques que les protocoles actuels.

Nous ne pouvons évidemment pas parler de traitement miracle. Le cancer de l'ovaire demeure une maladie complexe, multifactorielle, qui nécessite une prise en charge globale et personnalisée. Mais ces travaux montrent que le CBD et le THC, utilisés de manière stratégique, pourraient jouer un rôle dans l'arsenal thérapeutique du futur.

En attendant, il appartient à la communauté scientifique de poursuivre les investigations, de reproduire ces résultats dans d'autres laboratoires et de franchir les étapes suivantes vers des essais cliniques rigoureux. C'est seulement à ce prix que l'on pourra confirmer ou infirmer le potentiel réel des cannabinoïdes dans le traitement du cancer ovarien.

Profil de l'auteur de l'article
Thierry - Rédacteur

Thierry est rédacteur pour Planposey et expert dans le domaine du chanvre. Il vous informe et vous accompagne avant, pendant et après l’achat d’un produit à base de CBD (fleurs, huiles, résines,...).

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